Anecdote de chambrotier : Fier comme Artaban

Monsieur est d’un âge mûre, il est droit, il est sec, il a dût géré des hommes ou des responsabilités, inflexible; même s’il aurait certainement pût l’être. C’était une question de devoir et cela ne se confond pas avec le fait de pouvoir.

Madame est effacée, discrète et certainement douce. Ils sont chics, de bonne famille ou de bonne éducation, certainement des deux.

La chambre qui les accueille est une très belle suite où tous les attraits urbains sont réunis au milieu d’une campagne foisonnante, sorte d’îlot moderne au milieu de la nature la plus brute.

Qui dit « nature brute » dit parfois difficultés d’accès… En l’occurrence, une marche arrière s’impose pour les 30 derniers mètres, disons 50, et certes, en pente.

Que le spectacle commence ! La voiture ronfle, fume, chauffe ! Au premier essais on pourrait dire qu’il a le poids du voyage. La voiture re-ronfle, re-fume, re-chauffe ! Deuxième essais ! Ça dérape, ça patine, mais ça ne monte pas.

Madame se ventile à coté de son époux certainement agacé. La tension monte.

Troisième essais. La voiture hurle son embrayage …

Il faut se faire une raison. Le couple laisse la voiture au petit parking et ils gravissent les derniers mètres à pied.

En haut, Madame a ce mot souriant et détendu: « Un si belle vue ça se mérite ! »

Le chambrotier les installe, puis se charge de leur réserver un restaurant. Il est au téléphone, quelques minutes plus tard, quand le Monsieur entre, fier. Il est en fait retourné immédiatement réessayer, fort des conseils du chambrotier.

« Oui, en fait c’était très simple » lache-t-il un peu pincé.

Ils ne reprirent pas la voiture de tout le séjour.